L'électrothérapie fonctionnelle pour la douleur pelvienne?

Annie Bélanger • Mar 10, 2023

Les douleurs pelviennes touchent plus de femmes que nous pouvons le penser. Sa prévalence est variable selon les diverses études et probablement sous-estimée. Elle est souvent associée à des conséquences cognitives, comportementales, sexuelles et émotionnelles négatives en plus d’être associée à des symptômes physiques tels que des infections urinaires et/ou des dysfonctions sexuelles, intestinales, du plancher pelvien ou gynécologiques.

La douleur pelvienne peut devenir chronique lorsque les symptômes persistent plus de 3 à 6 mois. Il est donc important de s’assurer d’une prise en charge rapide de celle-ci par un professionnel de la santé. La prise en charge est multifactorielle, mais elle consiste aussi à aider les patientes à trouver des stratégies visant l’autogestion de la douleur dans la vie quotidienne. Saviez-vous que le TENS peut être un outil d’autogestion pour cette clientèle? 


LE EVA: UN OUTIL D’AUTOGESTION DE LA DOULEUR POUR LA FEMME 


Rappelons-nous que la neurostimulation transcutanée des nerfs (TENS) repose sur les mécanismes endogènes de gestion de la douleur. C’est une méthode naturelle et sécuritaire qui peut aider les femmes avec diverses pathologies, telles que: les dysménorrhées primaires et secondaires, les vulvodynies, les vestibulodynies, les dyspareunies profondes, le vaginisme et finalement, les diverses névralgies affectant la région pelvienne. Allons regarder le tout plus en détails. 


LES DYSMÉNORRHÉES 


La dysménorrhée primaire (DP) se définit par des crampes dans le bas de l'abdomen, qui surviennent juste avant ou pendant les menstruations chez les femmes, sans pathologie pelvienne identifiable. 2 Selon les études, elles pourraient toucher entre quarante-cinq (45%) et quatre-vingt-quinze pourcent (95%) des femmes. Chez dix (10) à quinze (15) pourcent de ces femmes, la douleur serait suffisamment forte pour interférer avec la vie quotidienne 3 


La dysménorrhée secondaire, quant à elle, se définit par une douleur menstruelle associée à une pathologie pelvienne sous-jacente, telle qu'une endométriose, une adénomyose ou des fibromes utérins. 4 Chez la clientèle souffrant d’endométriose, au moins 20% des patientes présentent encore des symptômes douloureux suite aux traitements médicaux.5 


Diverses stratégies peuvent être utilisées dans l’objectif de gérer la douleur des dysménorrhées avec le TENS, tel qu’un emplacement au niveau des racines nerveuses innervant l’utérus ainsi qu’une application sur le territoire douloureux. Plusieurs études démontrent que le TENS est un outil sécuritaire, bien toléré et démontrant son efficacité pour soulager les douleurs des dysménorrhées primaires2,6–8 et secondaires5. D’ailleurs, la gestion de la douleur avec le TENS peut aussi être optimisée avec l’application de la thermothérapie 7(chaleur). Certaines études ont d’ailleurs démontré une diminution de prise d’AINS avec l’application du TENS.2 


L’utilisation de celui-ci peut aussi être fait en fonctionnel, permettant ainsi d’améliorer la qualité de vie et la fonction des patientes lors d’épisodes douloureux. 


VULVODYNIES ET VESTIBULODYNIES 


Plusieurs femmes peuvent souffrir de vulvodynie, c’est-à-dire, une douleur vulvaire de plus de 3 mois sans cause identifiable. (Bornstein et al., 2016) La vestibulodynie, quant à elle, est une sous-catégorie des vulvodynie et se manifeste par une douleur localisée plus précisément à l’entrée vaginale (vestibule vulvaire) (Goldstein et al.,2016) Sa prévalence pourrait être présente jusqu’à 28% des femmes au cours de leur vie (Reed et al., 214). Elle est encore une fois sous-estimée. 


La douleur peut être spontanée, provoquée ou mixte. Celle-ci peut être aggravée notamment par les relations sexuelles, l’insertion d’un tampon hygiénique, par le port de vêtements serrés, par un positionnement assis prolongé ou par des activités telle que la bicyclette. On peut donc comprendre les effets néfastes de cette douleur chez la vie des femmes. Elle amène des impacts sur la qualité de vie et la vie sexuelle de la femme. 


Les vulvodynies et les vestibulodynies font objets de plusieurs études depuis quelques années. L’application du TENS a d’ailleurs été étudié avec l’utilisation de la sonde vaginale ainsi qu’en application externe sur les grandes lèvres. Dans les études, l’application en voie interne ou en voie externe en autogestion a diminué significativement la douleur vulvaire et a amélioré les fonctions sexuelles à court et moyen terme.9–12 D’autres stratégies peuvent aussi être utilisées, telle qu’une application au niveau des racines nerveuses correspondantes si la patiente ne peut tolérer une stimulation directement au niveau des organes génitaux en présence d’allodynie, de dysesthésie ou bien lors d’utilisation en fonctionnel. 


LA DYSPAREUNIE PROFONDE ET LE VAGINISME 


La dyspareunie profonde n’est pas une pathologie en soi. C’est une douleur lors de la pénétration profonde. Près de 61% des femmes vivront cette douleur au cours de leur vie. (Hayes et al., 2018) La douleur est seulement ressentie lors de la pénétration profonde et peut être augmentée après la période d’ovulation ou en période prémenstruelle. Elle peut être associée à une pathologie aigue ou chronique, comme l’endométriose. Elle peut aussi être causée par une malformation congénitale, un dysfonctionnement nerveux, la ménopause ou par des blessures telles que l’épisiotomie ou d’autres procédures génitales. (Tetik et Yalcinkaya,. 2021) 


Le vaginisme est souvent confondu avec la dyspareunie profonde. Il se définit par des spasmes musculaires récurrents et persistants du tiers externe du vagin interférant avec la pénétration vaginale. Il affecterait entre 1 et 6% des femmes et serait causé par une réponse de conditionnement secondaire à des stimuli physiques ou psychologiques défavorables. Certaines causes médicales peuvent être associées, telles que l’infection des voies vaginales, la vestibulodynie, la ménopause, un traumatisme chirurgical génital antérieur et une radiothérapie antérieure. 


Ces deux problématiques peuvent être associées à des expériences psychologiques défavorables. Il est donc important de travailler de pair avec d’autres professionnels de la santé pouvant aider ces patientes. 


Plusieurs études sur diverses pathologies pelvipérinéales ont utilisé l’échelle de dyspareunie profonde afin d’étudier les effets du TENS en voie interne ou externe. Ces études ont rapporté des effets significatifs sur l’échelle de la dyspareunie profonde et sur la douleur. 


L’utilisation du TENS en autogestion pourrait donc être une intervention en complément à la réadaptation physique et psychologique des patientes. 


LES NÉVRALGIES 


Plusieurs nerfs innervent la région pelvipérinéale : ilio-hypogastrique, ilio-inguinal, génito-fémoral (border nerve syndrome) sans oublier le nerf pudendal innervant le territoire vulvaire. 


Les névralgies de la région pelvi-périnéale tel que le border nerve syndrome et la névralgie pudendale peuvent survenir à différents moments de la vie de la femme : à la suite d’une appendicectomie, d’un accouchement, d’une césarienne, d’une chirurgie, lors d’un bloc sympathique lombaire, une pression prolongée ou d’un traumatisme. 


Le TENS est bien connu pour la gestion des douleurs neuropathiques. Il peut aussi être utilisé dans un contexte pelvipérinéal. Différentes stratégies d’application peuvent être utilisées en autogestion de la douleur en fonction des signes et symptômes des patientes tel que le trajet douloureux ou la présence d’allodynie 


En conclusion, le EVA offre plusieurs programmes TENS. Son utilisation en autosoins peut devenir une alliée pour la patiente et le professionnel de la santé. Le succès de la modalité repose sur l’enseignement et l’éducation faite à la patiente afin de maximiser les stratégies de gestion de la douleur. 


Chez SET, notre priorité est de vous accompagner dans la rééducation pelvipérinéale de vos patientes, en mettant l'accent sur une collaboration étroite pour maximiser l'efficacité du traitement à domicile. Nous comprenons l'importance d'une communication claire et précise pour identifier et répondre aux besoins spécifiques de chaque patiente.  


Grâce à notre outil de recommandation, nous facilitons l'établissement d'un plan de soins adapté en fonctions de vos objectifs thérapeutiques, renforçant ainsi les résultats de la réadaptation au bénéfice de la patiente.  


Pour explorer comment notre expertise en électrothérapie fonctionnelle peut enrichir votre pratique et améliorer le parcours de rééducation de vos patientes, nous vous invitons à communiquer avec l'un de nos experts.  


Ensemble, progressons vers une approche complète de la clinique jusqu'au domicile de vos patientes pour un résultat optimal.  



RÉFÉRENCES 


1. Burkhard FC, Bosch JLHR, Cruz F, Lemack GE, Nambiar AK, Thiruchelvam N, Tubaro A. EAU-Guidelines on urinary incontinence. Eur Assoc Urol. 2020;100. 


2. Bai HY, Bai HY, Yang ZQ. Effect of transcutaneous electrical nerve stimulation therapy for the treatment of primary dysmenorrheal. Medicine (Baltimore). 2017 Sep;96(36):e7959. PMCID: PMC6392990 


3. Rodrigues JC, Avila MA, Driusso P. Transcutaneous electrical nerve stimulation for women with primary dysmenorrhea: Study protocol for a randomized controlled clinical trial with economic evaluation. PLOS ONE. Public Library of Science; 2021 May 20;16(5):e0250111. 


4. Dysmenorrhea [Internet]. [cited 2022 Jun 28]. Available from: https://www.dynamed.com/condition/dysmenorrhea 


5. Mira TAA, Yela DA, Podgaec S, Baracat EC, Benetti-Pinto CL. Hormonal treatment isolated versus hormonal treatment associated with electrotherapy for pelvic pain control in deep endometriosis: Randomized clinical trial. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2020 Dec;255:134–141. 


6. Arik MI, Kiloatar H, Aslan B, Icelli M. The effect of TENS for pain relief in women with primary dysmenorrhea: A systematic review and meta-analysis. Explore N Y N. 2022 Feb;18(1):108–113. PMID: 32917532 


7. Machado AFP, Perracini MR, Rampazo ÉP, Driusso P, Liebano RE. Effects of thermotherapy and transcutaneous electrical nerve stimulation on patients with primary dysmenorrhea: A randomized, placebo-controlled, double-blind clinical trial. Complement Ther Med. 2019 Dec;47:102188. 


8. Manisha U, Anuradha L. Effect of high frequency transcutaneous electrical nerve stimulation at root level menstrual pain in primary dysmenorrhea. J Bodyw Mov Ther. 2021 Apr;26:108–112. PMID: 33992229 


9. Murina F, Graziottin A, Felice R, Radici G, Tognocchi C. Vestibulodynia: Synergy Between Palmitoylethanolamide + Transpolydatin and Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation. J Low Genit Tract Dis. 2013 Apr;17(2):111–116. 


10. Murina F, Felice R, Di Francesco S, Oneda S. Vaginal diazepam plus transcutaneous electrical nerve stimulation to treat vestibulodynia: A randomized controlled trial. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 2018 Sep;228:148–153. 


11. Fagevik Olsén M, Elden H, Dahmén Janson E, Lilja H, Stener-Victorin E. A comparison of high- versus low-intensity, high-frequency transcutaneous electric nerve stimulation for painful postpartum uterine contractions. Acta Obstet Gynecol Scand. 2007 Jan;86(3):310–314. 


12. Vallinga MS, Spoelstra SK, Hemel ILM, van de Wiel HBM, Weijmar Schultz WCM. Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation as an Additional Treatment for Women Suffering from Therapy‐Resistant Provoked Vestibulodynia: A Feasibility Study. J Sex Med. 2015 Jan;12(1):228–237. 


13. Li W, Hu Q, Zhang Z, Shen F, Xie Z. Effect of different electrical stimulation protocols for pelvic floor rehabilitation of postpartum women with extremely weak muscle strength. Medicine (Baltimore). 2020 Apr 24;99(17):e19863. PMCID: PMC7440138 


14. Zhong F, Miao W, Yu Z, Hong L, Deng N. Clinical effect of electrical stimulation biofeedback therapy combined with pelvic floor functional exercise on postpartum pelvic organ prolapse. Am J Transl Res. 2021;13(6):6629–6637. PMCID: PMC8290786 


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